L'histoire du vin en Moravie
Au cours du IIe siècle, la Xe légion romaine basée à Vindobona construisit un camp romain près de la route de l'ambre et des collines de Pálava à Mikulovská, près de l'actuel village de Pasohlávky. Vers l'an 278, l'empereur romain Marcus Aurelius Probus annula l'édit de l'empereur Domitien qui avait prohibé la plantation de vignes au nord des Alpes et encouragea au contraire la plantation de nouvelles vignes dans les colonies romaines septentrionales. En 1926, des fouilles archéologiques de l'ancien camp romain ont mis au jour de nombreuses reliques comprenant entre autres une serpette à tailler la vigne. Les historiens postulent que les cépages Grüner Veltliner et Welschriesling pourraient avoir été introduits dans la région durant l'occupation romaine[1]. La viticulture a été pratiquée sous l'empire Grand-Morave (833-906), ce que prouvent les nombreuses serpettes et pépins de raisins découverts lors de fouilles archéologiques de camps slaves.
Selon la légende, le Prince Svatopluk de Grande-Moravie envoya au Prince Bořivoj de Bohême un tonneau de vin pour fêter la naissance de son fils Spytihněv en 875. Ludmila, l'épouse de Bořivoj, sacrifia un peu de vin à Krosyně, la déesse de vendanges, tout en plaidant pour des pluies abondantes. Son souhait fut exaucé et les moissons sauvées ; Bořivoj et Ludmila se convertirent au christianisme. Plus tard, ils plantèrent les premières vignes autour de Mělník. Leur petit-fils Wenceslas y apprit par la suite à cultiver la vigne, à presser le raisin et à faire du vin. Il est honoré par les vignerons tchèques comme Supremus Magister Vinearum (le maître suprême des vignobles) ; chaque année fin septembre a lieu un festival du vin à Mělník le jour de la Saint-Wenceslas[2].
L'expansion rapide du vignoble dans les régions tempérées tchèques est attestée par un acte de covenant proclamé par le prince Spytihněv II en 1057 à l'église collégiale de Saint Stephen à Litoměřice. Listant les vignobles offerts dans les environs ainsi que le nom des vignerons, il s'agit du premier écrit concernant le vignoble et les vignerons de Bohême. La première trace écrite concernant le vignoble de Moravie se trouve dans la charte fondatrice de l'abbaye bénédictine de Třebíč en 1101[2].
Dès la fin du XIIe siècle et durant le XIIIe siècle, plusieurs ordres religieux ont joué un rôle majeur dans l'expansion du vignoble tchèque. L'abbaye prémontrée de Louka près de Znojmo fut la première en 1195, puis vinrent le monastère cistercien de Velehrad en 1202 et l'abbaye cistercienne d'Altzel près de Meissen en 1251. De grand vignobles ont été constamment plantés de cépages originaires de France et d'Allemagne et les méthodes culturales de ces pays adoptées. Le regroupement des vignobles permettait de mieux les protéger des voleurs et des animaux sauvages. Par ailleurs, leur entretien en était facilité ainsi que la perception de la dîme, des droits et taxes pendant les vendanges. En 1249, la famille Liechtenstein commença à coloniser la région de Mikulov. De nombreux vignoble furent plantés autour des collines de Pálava. Le document le plus ancien relatif au droit foncier date de 1281. Il s'agit du droit retatif aux propriétés de l'Église autour de Kroměříž, également connu sous le nom de Bergrecht (littéralement : le droit des montagnes)[2].
En 1309, le Bergrecht et les règles du vignoble dits « de Falkenstein » (près de Mikulov), comme appliqué dans le district de Mikulov, devinrent le modèle de toute la règlementation viti-vinicole des communes de Moravie-du-sud. À cette époque, Falkenstein était également la cour d'appel suprême pour tout ce qui concernait les litiges viti-vinicoles en regard du Bergrecht de Falkenstein[2].
Fin XIIIe - début XIVe siècle, le vignoble explosa en Moravie. Pour les bourgeois de Brno, qui possédaient les vignobles non seulement autour de Brno mais aussi à Židlochovice, Hustopeče aisni qu'à Mikulov et Znojmo, la concurrence des vins autrichiens devint problématique. À leur demande, le roi Jean de Luxembourg décréta le 5 avril 1325 que la vente et le service de vin autrichien devaient être restreints : ces vins étaient interdits entre les vendanges et les Pâques suivantes. Des gouteurs de vins furent mis en place à l'entrée de la ville, déterminant l'origine des vins et autorisant ou non leur entrée intra-muros. De plus, ils déterminaient le prix de vente des vins. Ceci fut le début embryonnaire de la « guilde des commissaires du vins » dont la mission fut poursuivie plus tard par les courtiers en vins. Ces courtiers servirent également de transporteurs, collectant les tonneaux de vin chez les producteurs et les livrant aux caves des acheteurs. On disait que ces personnes avaient la meilleure connaissance de la qualité et de la quantité du vin dans les caves de Moravie et, de par ce postulat, étaient prétendus comme les meilleurs intermédiaires dans le commerce du vin[2].
Les XIVe, XVe et XVIe siècles virent également naitre d'autres règlementations viti-vinicoles et commerciales en Bohême et en Moravie. Les unes portaient sur la plantation de vignes ici ou là, d'autres sur la commercialisation des vins de telle origine en d'autres lieux, d'autres encore sur diverses obligations administratives dont l'enregistrement des vignobles. De ce fait, le registre des Liechtenstein, datant de 1414, est devenu le plus ancien registre préservé, documentant un grand nombre de vignobles aux environs de Mikulov et Valtice. Le XVIe siècle, qui fut l'apogée du vignoble tchèque, vit également paraitre des publications sur la culture de la vigne et l'élevage du vin[2].
La Guerre de Trente Ans (1618–1648) détruisit une part significative des vignobles tchèques qui furent progressivement replantés les cent ans qui suivirent. Cette croissance continua au XVIIIe siècle. Devant la rude concurrence des vins moraves, les vignerons autrichiens demandèrent en 1763 à Marie-Thérèse d'Autriche de prendre des mesures drastiques afin de limiter la création de nouveaux vignobles[2].
Le XVIIIe siècle vit également apparaitre la première classification des vins moraves en 1784. Celle-ci catégorisait les vignobles en trois classes dépendant de la qualité des vins produits[2].
Comme dans le reste de l'Europe, les conflits fréquents des XVIIe et XVIIIe siècles amenuisèrent la population locale tant du fait direct des guerres que du fait de l'émigration qu'elles provoquaient, ce qui marqua le déclin du vignoble tchèque. Les bourgeois, plutôt que de restaurer leurs vignobles, préfèrèrent s'adonner à d'autres occupations. La superficie du vignoble, encore de 15 000 hectares en 1837, s'étiola jusqu'à 8 000 hectares au début du XXe siècle[2].
Le XIXe siècle vit l'apparition de nombreuses académies du vin dédiées à la formation d'œnologues qualifiées dans l'art et la science de l'élevage du vin. Elles furent établies à Bzenec (1855), Znojmo (1868), Valtice (1873), Mělník (1882), Lednice (1895) et, plus tard, Mikulov (1903) et Klobouky (1921).
Puis vint le phylloxéra. Il arriva en Moravie par Šatov en 1890, puis Mikulov et Dolní Dunajovice en 1900, Perná en 1901 et atteint Horní Věstonice et Bavory en 1902 avec les mêmes effets dévastateurs que partout ailleurs. Le même remède fut administré : la replantation de cépages résistants. Du fait de l'éloignement, de l'isolement et de la petite taille des vignobles de Bohême, le phylloxéra n'y arriva qu'en 1970[2].
Puis vint le phylloxéra. Il arriva en Moravie par Šatov en 1890, puis Mikulov et Dolní Dunajovice en 1900, Perná en 1901 et atteint Horní Věstonice et Bavory en 1902 avec les mêmes effets dévastateurs que partout ailleurs. Le même remède fut administré : la replantation de cépages résistants. Du fait de l'éloignement, de l'isolement et de la petite taille des vignobles de Bohême, le phylloxéra n'y arriva qu'en 1970[2].
La première moitié du XXe siècle vit le vignoble tchèque végéter, sa superficie stagnant sous 7 000 hectares jusqu'en 1965. À cette époque, le renouvellement des vignobles s'accéléra et adopta des standards hautement productifs suivant l'exemple autrichien du professeur Lenz Moser.
1995 vit la publication des lois sur le vin. À peine plus tard, en 1996, commença la préparation de l'entrée de la République tchèque dans l'Union européenne (UE) avec la traduction puis l'incorporation des textes européens dans le droit tchèque. En 2004, la République tchèque entra dans l'UE avec une législation viti-vinicole conforme aux standards européens[2].
1995 vit la publication des lois sur le vin. À peine plus tard, en 1996, commença la préparation de l'entrée de la République tchèque dans l'Union européenne (UE) avec la traduction puis l'incorporation des textes européens dans le droit tchèque. En 2004, la République tchèque entra dans l'UE avec une législation viti-vinicole conforme aux standards européens[2].